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Décodons le programme du Front national (vol. 1)

On a déjà dénoncé les risques constitutionnels qu’engendrerait l’élection de Marine Le Pen, dimanche 7 mai. On a aussi souligné, avec d’autres, le coup d’État que l’application de son programme constitutionnel supposerait. On souhaite aujourd’hui décoder ses diverses propositions institutionnelles, contenues dans ses « 144 engagements présidentiels ». Demain, on se prêtera au même exercice avec les propositions d’Emmanuel Macron.

Le lecteur voudra bien pardonner le caractère inhabituellement long de ce billet.

On précise que l’on ne s’est arrêté que sur les propositions formalisées dans le programme qui est mis en ligne, sans intégrer ce qui aurait pu résulter de divers discours. Si l’on a conscience de l’absence d’exhaustivité que ce choix peut emporter, il est néanmoins dicté par un désir de précision : les propositions non formalisées peuvent toujours être nuancées, mal comprises, contredites. En revanche, le lecteur pourra aisément les évoquer en commentaire, pour qu’elles soient également discutées.

Pour la Constitution, combattons le Front national

Le Front national, s’il est devenu un véritable parti d’opposition, n’est pas un parti comme les autres : le projet qu’il porte met la République en danger. Pour défendre celle-ci, il faut combattre celui-là.

En quinze ans, il est parvenu à se défaire de son image diabolique, pour s’imposer pleinement et durablement dans le paysage politique.

Il a d’abord investi le terrain local, en obtenant des élus locaux. Ils sont indispensables pour les parrainages à la présidentielle, mais aussi pour tisser un maillage territorial, être présent sur le terrain, relayer la politique et le message du parti.

Il a ensuite approfondi son implantation dans des territoires, ceci lui permettant d’avoir des élus au Parlement et de conquérir des municipalités. Il a ainsi renforcé sa légitimité et sa crédibilité.

Enfin, le changement de gouvernance, du père à la fille, a été corroboré par la recherche d’un apaisement, grâce à une plus grande collégialité, à de nouveaux éléments de langage, à l’introduction d’une confusion entre Front National et Rassemblement bleu Marine, qui serait moins radical que le premier.

Macron, ça marche !

Emmanuel Macron a vraisemblablement réussi le pari le plus fou de la Vème République.

En à peine trois ans, depuis qu’il est devenu Ministre de l’économie en août 2014, sans avoir occupé aucune autre fonction gouvernementale ou élective auparavant, il est parvenu à se créer une légitimité et une crédibilité politiques, à se faire un nom, à prouver ses compétences, à faire rêver les Français.

En à peine un an, il a réussi à fonder un mouvement, devenu véritable parti politique, à se créer un statut de présidentiable, à tisser un maillage territorial et à lever des fonds suffisants pour mener une campagne présidentielle, à engranger des soutiens de droite et de gauche, renforçant sa crédibilité.

Aujourd’hui, il a réussi à occuper l’espace politique qui donne systématiquement la victoire à l’élection présidentielle mais qui, paradoxalement, n’a jamais, lui-même remporté cette élection : le centre.

L’élection présidentielle, en France, se gagne au centre, mais toujours à partir de l’un des deux pôles qui parvient à le capter. Cette fois-ci, elle se gagnera encore au centre, mais par le centre lui-même.

Le 23 avril, je voterai…

Le 23 avril, je voterai. Avec conviction, pour cet acte démocratique. Et il ne s’agit pas, ici, de dire pour qui, mais de savoir pourquoi.

En effet, je voterai, d’abord, parce que j’en ai le droit. Tous, en France et dans le monde, ne l’ont pas.

En France, il est constitutionnellement garanti aux nationaux français, majeurs, des deux sexes. S’il ne s’agit pas de revenir sur les acquis de 1944, instaurant un suffrage véritablement universel par le droit de vote reconnu aux femmes, ni sur ceux de 1974, abaissant la majorité légale de 21 à 18 ans, il faudra bien que s’ouvre un jour le débat sur le droit de vote de celles et ceux qui résident en France depuis de nombreuses années, y ont leur vie, leur travail et leur famille, y paient leurs impôts mais ne peuvent voter car ils sont étrangers.
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