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Bande d’incompétents !
S’il est un domaine dans lequel l’Exécutif et la majorité actuelle se distinguent particulièrement, c’est celui de leur incompétence. Plus exactement celui de leur absence de sens politique, de leur incapacité à gérer les crises auxquelles ils sont confrontés, de leur grande difficulté à anticiper et à prévoir ; bref, de leur incompétence à gouverner puisque « gouverner, c’est prévoir ».
Le rapport de la commission d’enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire le souligne une fois de plus. Tout en relevant que l’épidémie est une crise sanitaire internationale d’une ampleur inédite, le rapport révèle que les services de l’État, alors qu’ils avaient été alertés assez tôt, étaient mal préparés et mal équipés pour y faire face. En particulier, la coordination interministérielle était insuffisante, la préparation du système public de soin était inadaptée au risque épidémique et les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées dépendantes, ont fait l’objet d’un défaut de vigilance.
La compétence d’un Gouvernement s’apprécie notamment au regard de sa capacité à gérer des crises, même exceptionnelles
Surtout, le « fiasco des masques » est une illustration criante de l’état d’impréparation du pays. La pénurie a été sciemment dissimulée par le Gouvernement, débouchant sur une communication de crise contradictoire et défaillante, incapable d’instaurer la confiance pourtant indispensable pour rassurer la population : à la crise sanitaire commençait à s’ajouter alors une crise politique, voire démocratique. Bande d’incompétents !
Pire que tout, « l’analyse de courriels échangés entre la direction générale de la santé et Santé publique France atteste d’une pression directe de M. Salomon sur l’agence afin qu’elle modifie la formulation des recommandations de ce rapport avant sa publication au grand public ». Connu, le problème a non seulement été sciemment dissimulé, mais aussi étouffé par des pressions du numéro 2 du Ministère de la Santé : ce n’est plus de l’incompétence, mais de la manipulation indigne, dont il faut tirer toutes les conséquences.
Déjà le rapport établi par la mission d’information de l’Assemblée nationale et remis quelques jours auparavant s’était montré très critique de l’action du Gouvernement, conduisant le Président de la mission d’information, député de la majorité, à publier un « Avant-propos » où il regrettait « que certaines des auditions aient été éludées dans le présent rapport » et ajoutait : « Si le présent rapport apparaît à charge, notamment envers les personnels soignants, votre Président souhaite insister sur le constat dressé, en creux, de la formidable capacité de notre pays à réagir dans une séquence en tous points redoutable ».
À l’aune du rapport sénatorial, force est de constater que les critiques étaient justifiées, tandis que les regrets ne l’étaient point.
La compétence d’un Gouvernement s’apprécie notamment au regard de sa capacité à gérer des crises, même exceptionnelles. Celle que nous traversons depuis bientôt un an montre ainsi ce qu’il faut en penser.
À vrai dire, elle ne fait que le confirmer car, depuis 2017, les erreurs se multiplient et l’Exécutif n’en était pas à son coup d’essai.
Ces derniers jours, on voit comment a été gérée la crise sécuritaire que nous traversons depuis plusieurs mois, avec la multiplication des violences lors des manifestations, qu’il s’agisse de celles des manifestants ou des répliques des forces de l’ordre. Le Gouvernement et, en particulier, le Ministre de l’Intérieur ont trouvé judicieux d’introduire un article qui, plus que polémique, est surtout problématique puisqu’il cherche à bâillonner les médias, à entraver la liberté d’expression, à bloquer le droit à l’information. Bande d’incompétents !
Ces derniers mois, la « saga électorale » traduit tout autant cette incompétence. Au-delà des tergiversations successives entre le 12 mars (fermeture des écoles, mais maintien du scrutin du 15 mars), le 14 mars (fermeture de tous les lieux publics, mais maintien du même scrutin) et le 16 mars (confinement et renvoi du second tour du scrutin), il est incompréhensible qu’il ait fallu attendre le mois de novembre pour s’interroger sur les scrutins de 2021, plutôt que de constituer un groupe de travail et de réflexion dès le mois de juillet dernier, afin de tirer les leçons de la séquence passée et anticiper la séquence à venir. Tous les pays démocratiques du monde, au début de la crise, ont connu les mêmes difficultés que la France et ont dû reporter les élections lorsqu’elles étaient programmées. Après plusieurs mois de crise, tous les pays démocratiques du monde ont appris à vivre avec le virus et maintiennent leurs élections, en dépit de la crise.
Sauf la France. Bande d’incompétents !
Plus tôt dans le quinquennat, la réforme des retraites, pourtant nécessaire dans son principe et demandée par de nombreux partis, a ravivé ce qui avait été estompé depuis plusieurs années : l’obstruction parlementaire. Elle-même dénaturation du débat parlementaire, elle n’en traduit pas moins une crise majeure concernant la réforme engagée qui renvoyait, cette fois, à la rupture du dialogue social, largement tronqué et au degré d’impréparation de cette réforme, ce que relayaient les contestations dans la rue. Il a alors fallu avoir recours au « 49, 3 », pour une finalité qui n’était pas la sienne. Bande d’incompétents !
Encore plus tôt dans le quinquennat, la révision institutionnelle souhaitée par l’Exécutif n’avait aucune chance de prospérer, avant même de subir « l’affaire Benalla » ou la séquence des « Gilets jaunes ». En effet, alors qu’une révision destinée à renforcer les pouvoirs du Parlement est nécessaire, elle n’avait d’autre objet que de l’affaiblir. Bande d’incompétents !
Les exemples sont encore nombreux pour démontrer cette incompétence, chaque fois qu’une réforme, pourtant nécessaire, pourtant souhaitée au-delà de la seule majorité, n’a pu aboutir ou n’a abouti que par un tour de force.
Dans une démocratie saine, chaque responsable est amené un jour ou l’autre à rendre des comptes, sur ses actions, sur ses abstentions, sur ses nominations, sur le maintien à leur poste d’agents défaillants, tels que, aujourd’hui, le Directeur général de la Santé. Ce sera au peuple de décider souverainement de l’avenir des responsables politiques actuels, lorsqu’il se prononcera au plus tard en 2022.
Mots-clés: Sénat, Assemblée nationale, Élections départementales, Élections régionales, Mission d'information, Article 20, Article 49, Article 51-2, Gouvernement, Révision constitutionnelle, Commission d'enquête, Député, Élections municipales, Majorité, Ministre de l'intérieur, Obstruction, Responsabilité politique