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L’éternel débat de la proportionnelle
La semaine dernière, François Bayrou, actuel Premier ministre, a lancé des entretiens avec des responsables politiques pour évoquer l’élection des députés à la proportionnelle en France.
Ce débat n’est pas nouveau, il est régulièrement mis sur la table par les divers chefs de partis et présidents de groupe mais des interrogations demeurent toujours quant à ses modalités : Quelle méthode employer ? Quelle formule de calcul de la proportionnelle ? Quel seuil ? Quelle dose de proportionnelle ? Cela est-il soluble dans le système politique français ?
Le Professeur Jean-Philippe Derosier a alors répondu à la question « Faut-il instaurer la proportionnelle en France » dans Le débat du jour sur Rfi.
Pour ce dernier, ce débat refait surface surtout pour une question de timing. En effet, le 14 mai prochain, François Bayrou sera auditionné dans le cadre de l’affaire Bétharram par la commission d’enquête et, durant le week-end, on a pas parlé de cette audition mais de référendum et de proportionnelle, est-ce une diversion ? Cela reste à voir mais le moment est opportunément choisi.
Il ne faut pas oublier que la volonté d’instaurer la proportionnelle pour les élections législatives n’est pas une nouveauté. En effet, en 1985, le président de la République, François Mitterrand (stratège et fin politique), craignant la défaite de la gauche aux élections législatives de 1986, enclenche un changement de mode de scrutin et la loi instaure la proportionnelle au niveau départemental. Il savait qu’avec la proportionnelle la défaire de la gauche serait moindre mais cela a offert le premier groupe parlementaire au FN.
Quant à la proportionnelle en elle-même, il n’existe pas une proportionnelle mais des proportionnelles. Il y a une forme de cohésion au sein de l’Assemblée nationale sur la proportionnelle parce qu’une bonne partie des groupes sont favorables au principe de la proportionnelle mais entre une dose de proportionnelle ou une proportionnelle intégralité, avec un seul tour ou par département à deux tours avec un seuil de représentation de 5 à 10 %, … la marge est totale et les finalités sont différentes alors même que c’est la proportionnelle.
Le système le plus juste est la scrutin majoritaire parce que le scrutin proportionnel est bien plus anti démocratique que le scrutin majoritaire.
À se demander s’il y a-t-il des proportionnelles plus juste que d’autres ? Tout dépend ce que l’on entend par « juste », est-ce découper la France en morceau et l’empêcher de prendre des décisions ? Certains trouveront que c’est plus juste car ça représente la diversité et d’autres trouveront que ce n’est pas forcément démocratique car ça empêche la démocratie de fonctionner.
Près des 3/4 des français se disent pour la proportionnelle, est-ce dès lors plus démocratique dans le sens plus adapté à la vie politique actuelle ? Est-ce que ça peut réduire la fracture entre les politiques et les citoyens ? Faire baisser l’abstention ? Pour le Professeur Derosier, ces projections bien qu’intéressantes ne tiennent pas compte du comportement de l’électeur adapté au mode du scrutin puisque le comportement de l’électeur ne sera pas le même s’il vote à la proportionnelle ou au scrutin majoritaire à un tour ou à deux tours, … Est-ce qu’il faut l’introduire actuellement ? Non, car c’est un scrutin anti démocratique qui conduit les politiques à trahir ce que les électeurs attendent d’eux avec des compromis post élections. De plus, l’électeur peut davantage s’identifier à un candidat élu au scrutin uninominal qu’à une liste. On peut également avoir un éclatement du paysage politique avec un scrutin majoritaire et cela ne veut pas dire que les différents partis ne peuvent pas être représentés.
Quant au référendum, on est souvent appelé à répondre davantage non à la question posée mais à celui qui la pose or celui qui poserait la question ce serait Emmanuel Macron.
Pour réécouter l’émission, cliquez ici.
Crédit photo :THOMAS SAMSON | AFP